Voici ci-dessous le courrier qui a été envoyé au Conseiller d’Etat pour communiquer la prise de position du MCG.
Pour diverses raisons, ce plan directeur cantonal ne nous satisfait pas et présente de graves lacunes que nous vous indiquons ci-dessous. S’agissant d’une prise de position générale, nous n’abordons pas les points précis puisque la méthode nous semble d’emblée contestable :
1. Le Plan directeur cantonal part de l’idée que la frontière politique n’existe pas. Il aurait dû, au contraire, affirmer la primauté de cet élément de nature politique, qui structure notre région entre deux systèmes : la Suisse, qui est largement décentralisée et permet à une République et canton d’avoir une part importante de souveraineté, un pays formant une unité économique et sociale ; la France, qui est centralisée à Paris et dont le régime – une république de type monarchique qui élit son président-souverain – concède des droits aux régions qu’elle peut à tout moment retirer, créant ainsi une insécurité politique. Les accords bilatéraux n’ont rien changé fondamentalement à cette différence principale. Ignorer cette réalité nous condamne à construire une maison sur du sable ou un terrain instable.
2. Cet a priori transfrontalier qui figure dans le PDCn est contestable. Nous ne sommes pas opposés à un travail en commun avec la France voisine, mais cela doit s’inscrire dans la reconnaissance de la frontière politique du canton de Genève, qui est une réalité première et qui est absente de certaines cartes ou de certaines analyses, faussant ainsi fondamentalement le raisonnement. Cela apparaît très clairement dans l’analyse de l’ensemble Perly-Saint-Julien ou Veyrier-Etrembières.
3. Nous estimons que la réalité de cette frontière politique doit être davantage prise en compte. En particulier, il convient de mettre en relation les places de travail réalisables et les possibilités de logement sur le territoire genevois. Il est insuffisant de vouloir régler l’actuel déséquilibre en logements. Ce Plan directeur cantonal poursuit dans la politique menée actuellement qui préconise l’usage abusif de travailleurs frontaliers, parce qu’aucune réflexion de fond n’a été faite sur l’équilibre économique et les activités qui seront accueillies. On se retrouve ici face à un puits sans fond où, en voulant régler les problèmes de logement de 2012, on en oublie l’équilibre général du canton de Genève. Ainsi, nous nous retrouvons toujours avec un temps de retard.
4. Il manque une vraie vision économique sur l’avenir de Genève, équilibrée et adaptée à la réalité de notre canton, qui doit compléter une politique efficace du logement. Nous avons l’impression de nous trouver face à une urbanisation à la française, c’est-à-dire un discours à première vue brillant mais qui ne recouvre pas la réalité.
5. Nous estimons que la zone villa doit faire l’objet d’une plus grande attention afin d’obtenir une plus importante mixité. Il serait plus judicieux et efficace de déclasser des zones agricoles enclavées afin de répondre plus rapidement à une politique nécessaire du logement.
6. L’opposition de la presque totalité des communes à ce Plan directeur démontre que la concertation nécessaire n’a pas été vraiment lancée et que ce plan ne tient pas compte du réel.
En résumé, pour le MCG, un bon plan directeur cantonal doit prévoir les éléments suivants :
1. Il convient de tenir compte de la frontière politique et de la réalité de deux systèmes économiques et sociaux (euro-franc suisse, salaires, systèmes sociaux, modes de décision différents, etc.).
2. Ce Plan directeur cantonal doit présenter un schéma équilibré, afin de satisfaire la demande de logements, favoriser les PME et les activités économiques locales durables, offrir un cadre de vie le plus agréable possible.
3. Il est à prévoir une réelle concertation avec les communes afin de travailler en totale synergie avec elles et les milieux intéressés, afin de trouver des solutions ensemble, pour le bien des Citoyens.
Eric Stauffer
Président du MCG
Roger Golay
Vice-Président du MCG