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Du lever de drapeau au baisser de pantalon

Mauro Poggia est intervenu ce jeudi 27 septembre au Conseil national à Berne, pour dénoncer la capitulation  face à l’Union européenne et aux Etats-Unis. « Aujourd’hui le message est clair : la Suisse brade ses valeurs et livre même ce qu’on ne lui demande pas encore. » Voici son intervention.

Que sera la place financière suisse dans 10 ans ? Si l’on nous avait posé cette question en 2002, aux balbutiements de l’euro, notre imagination la plus alarmiste n’aurait jamais décrit la situation actuelle. Le contexte international supporte incontestablement une responsabilité prépondérante, en faisant de l’Union européenne et des Etats-Unis, de faméliques prédateurs fiscaux à l’affût de toute nouvelle proie. Des états qui se drapent dans une prétendue moralité financière pour mieux justifier leurs attaques, se gardant bien d’appliquer à eux-mêmes les principes qu’ils exigent de notre pays.

Mais l’Histoire jugera si les choix de reddition sans conditions, adoptés par le Conseil fédéral furent les bons. L’Histoire jugera si la majorité de ce parlement a eu raison de faire de la Suisse un couvent dans cette vaste maison close qu’est le monde de la finance dans lequel nous vivons, et qui nous envie.

Le secret bancaire n’était pas négociable nous disait le Conseil fédéral au début 2008. Depuis lors, l’évasion fiscale a rejoint la  fraude fiscale, et n’est désormais propre que l’argent déclaré fiscalement. Nous sommes devenus, volontairement, les petits agents du fisc étranger, et cela sans contrepartie, puisque les îles vierges britanniques et les sociétés du Delaware , pour ne citer qu’elles, continueront à receler, au nez et à la barbe du monde, l’argent soustrait au fisc.

Dernièrement, l’Accord sur les successions avec la France, négocié avec une totale absence de discernement politique, ne fait qu’ajouter à l’incompréhension. Certes, en l’état actuel, aucune solution n’est exempte de risques. Mais a-t-on seulement mis en balance les avantages et les inconvénients d’une position ferme, soucieuse des acquis sans lesquels notre pays n’aurait jamais connu son niveau de vie, ni, faut-il le rappeler à une gauche qui veut constamment laver plus blanc que blanc, un système d’assurances sociales parmi les plus performants au monde ?

Aujourd’hui le message est clair : la Suisse brade ses valeurs et livre même ce qu’on ne lui demande pas encore. La capitulation a anticipé l’argumentaire.

N’avons-nous donc que des faiblesses à opposer à l’arrogance, nous, dont la Banque nationale finance désormais près de 50 % du déficit public de la France et de l’Allemagne ?

Pire encore, dans la hiérarchie de la délation institutionnalisée décrétée par le Conseil fédéral, que dire de la décision prise d’autoriser nos honorables banquiers, qui vendraient père et mère pour sauver leur tête, à livrer, aux Etats-Unis, sans conditions, l’identités de leurs employés ?

La réponse donnée le 5 septembre dernier à l’interpellation de notre collègue Schwaab est à faire pleurer, et non seulement un étudiant de droit de première année, tant notre Conseil fédéral tente maladroitement d’habiller juridiquement une opportuniste décision politique. Au mépris de l’entraide pénale internationale, sans s’assurer de l’élémentaire application du principe de double incrimination, on jette en pâture à une administration dont les droits élémentaires du prévenu sont admirablement illustrés à Guantanamo, des milliers d’employés dont le seul crime est d’avoir fait ce qu’on leur demandait de faire, et cela en parfaite conformité avec le droit suisse.

Alors que sera la Suisse dans 10 ans ? Je n’ose l’imaginer si notre pays continue à être dirigé comme il l’est actuellement, et cela, les citoyennes et les citoyens de notre pays ne l’accepteront pas.

Mauro Poggia

Conseiller national MCG


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